Hans Hartung: La fabrique du geste

hans hartungLa dernière rétrospective dans un musée français datant de 1969, il était important de redonner à Hans Hartung (1904-1989) toute la visibilité qu’il mérite. L’exposition Hans Hartung: la fabrique du geste porte un nouveau regard sur l’ensemble de l’oeuvre de cet artiste majeur du XXe siècle et sur son rôle essentiel dans l’histoire de l’art. Hans Hartung fut un précurseur de l’une des inventions artistiques les plus marquantes de son temps : l’abstraction.

Acteur d’un siècle de peinture, qu’il traverse avec une soif de liberté à la mesure des phénomènes qui viennent l’entraver jamais, il ne cessera de peindre. Ainsi sont art perdurera malgré la montée du fascisme dans son pays d’origine l’Allemagne et la précarité de l’après-guerre en France et ses conséquences physiques et morales. 

Le parcours de la rétrospective comprend une sélection resserrée d’environ trois cent oeuvres. Celles-ci proviennent de collections publiques et particulières françaises et internationales et pour une grande part de la Fondation Hartung-Bergman

Aujourd’hui, c’est une déferlante : le marché de l’art et les historiens des musées s’intéressent à nouveau à Hans Hartung, comme à d’autres artistes célébrés dans les années 1950 – Serge Poliakoff, Georges Mathieu, Bernard Buffet

La fabrique du geste, Hans Hartung

Je veux rester libre. D’esprit, de pensée, d’action. Ne pas me laisser enfermer, ni par les autres, ni par moi-même

À l’occasion de sa réouverture après une année de travaux de rénovation, le Musée d’Art moderne invite Hans Hartung. Il est l’un des plus grands artistes du XXe siècle. Pourtant il est encore méconnu du grand public. Incarnant une modernité sans compromis, l’artiste est aussi le précurseur du courant abstractionniste.

Une rétrospective importante

Un peintre de l’abstraction

Hans Hartung est né le 21 septembre 1904 à Leipzig, en Allemagne. Très jeune, il cultive des intérêts pour la philosophie, l’astronomie, la musique et la religion à un jeune âge avant de se tourner vers la peinture. Il trouve son inspiration au début de sa carrière dans les œuvres de Rembrandt van Rijn et Francisco de Goya. À seulement 17 ans, Hartung commence à expérimenter l’abstraction. Il synthétise les techniques graphiques de ses modèles artistiques tout en éliminant complètement les éléments figuratifs.

L’exposition porte un nouveau regard sur l’ensemble de l’œuvre de cet artiste majeur du XXe siècle et sur son rôle essentiel dans l’histoire de l’art. Hans Hartung fut un précurseur de l’une des inventions artistiques les plus marquantes de son temps : l’abstraction.

La libération du geste

Hans Hartung élabore une peinture gestuelle, lyrique et émotionnelle. 

Si les aquarelles avaient été connues en 1922, elles seraient restées incomprises tant elles étaient en avance sur son temps

écrit l’historien de l’art allemand Will Grohmann au sujet des peintures Jaune, Rouge et Bleu de Hartung. Jaune, Rouge et Bleu correspond à une série d’une soixantaine d’aquarelles réalisées en 1922. Cette expression artistique spontanée revêt la forme d’une explosion de tâches libres, colorées et solaires qui se confondent et se diluent.

Ce passionné de mathématiques élabore cependant des œuvres de manière rationnelle. Des années 30 à la fin des années 50, il réalise d’abord des œuvres de petit format, exécutées spontanément sur papier. 

Par la suite, il crée le tableau en posant une grille et en agrandissant le papier de petit format sur une toile, en se référant point par point. Les années 60 marquent également un tournant. Hartung arrête de travailler en reproduisant des petits formats, mais entre dans une recherche patiente d’innovation technologique.

Un peintre traversant l’histoire

Un voyage dans l’histoire

Hartung est confronté à la réalité de l’histoire de son temps. Contraint d’interrompre sa carrière pendant la seconde guerre mondiale, son engagement dans la Légion Etrangère auprès de la France contre l’Allemagne lui laissera des séquelles physiques importantes : il perd une jambe à la bataille de Belfort en 1944.

Sa conduite au combat lui vaudra la médaille militaire. Sa blessure aura en outre un impact déterminant sur la suite de son œuvre. Comme le souligne l’artiste Jacques Villeglé, qui l’exprime dans le catalogue de l’exposition :

La gestualité exige de la souplesse. Hartung a dû penser son métier, le penser vraiment, réfléchir à ses outils et les réinventer en permanence pour conduire une œuvre sans cesse changeante. Son handicap en a fait un artiste plus réfléchi que les autres.

Une fin de vie prolifique

Paradoxalement, c’est à la fin de sa vie, alors qu’il éprouve les plus grandes difficultés à se déplacer, qu’Hartung libère complètement son expression picturale. Il peint alors des formats gigantesques, frappants ses œuvres à coups de balais de genêts ou en les pulvérisant au moyen d’une tyrolienne.

Dans les dernières années de sa vie, Hartung peint presque un tableau par jour. Il meurt en 1989 à 85 ans, trois semaines après avoir peint son ultime œuvre.

Infos pratiques

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